El Norte Argentino
C’est donc en compagnie d’une sympathique famille belge que nous reprenons la Ruta 40 en direction du nord. Les filles sont ravies de pouvoir jouer avec Soline et Maëlle et nous sommes ravis de pouvoir partager nos expériences de voyage avec Nathalie et Stéphane et aussi de prendre l’apéro ensemble 😉 Ils ont d’ailleurs gentiment accepté d’être nos « guest stars » sur notre photo des 12 000 kilomètres.
Nous faisons ensemble une première halte dans un décor de far-west, du côté de Chilecito et de son ancienne mine d’or (d’argent et de cuivre), exploitée de 1904 aux années 1930. Un téléphérique (cablecarril) de 35 kilomètres de long a été construit entre la mine de la Mejicana située à une altitude de 4603 mètres dans la Sierra de la Famatina et l’usine où le minerai était fondu en lingots qui étaient ensuite descendus dans des wagonnets sécurisés et escortés par un garde armé à cheval jusqu’à la station de chemin de fer dans le village et enfin convoyés jusqu’à Buenos Aires.
Aujourd’hui, même s’il reste encore quelques potentiels lingots d’or dans la montagne, il n’est pas économique d’aller les chercher, et il ne reste de cette ancienne exploitation que quelques wagonnets un peu rouillés, mais plutôt bien conservés grâce au climat sec de la région. La majorité d’entre eux servaient à transporter le minerai, mais outre les wagonnets spéciaux à lingots, certains étaient dédiés au transport des ingénieurs, les mineurs vivant dans un camp sur mine ! Je n’ose pas imaginer à quoi pouvaient ressembler les 4 heures de trajet, suspendus au-dessus de la vallée pour monter sur mine…
Quelques dizaines de kilomètres au nord de Chilecito, nous découvrons les ruines incas El Shincal ou Shincal de Quimivil. Le site situé sur le Qhapaq Ñan, le ou plutôt les chemins incas, longs de plus de 60 000 kilomètres depuis l’Equateur actuel jusqu’au sud de Mendoza, était, apparemment un site très important de l’empire inca, où de nombreuses cérémonies avaient lieu. Le site a été entièrement restauré et un musée dans lequel on peut admirer de jolies poteries découvertes sur le site a été créé en 2013. Cette citée précolombienne dans laquelle vivait un petit millier de personnes fut conquise par les espagnols en 1558.
Dans notre lancée des visites de vieilles pierres, nous poursuivons notre exploration de l’histoire précolombienne argentine, en nous rendant aux ruines de l’ancien village de Quilmes où les indiens diaguitas ont résisté de nombreuses années aux différents envahisseurs : d’abord aux Incas, avec lesquels ils finirent par vivre en paix une 50aine d’années après de nombreux conflits, puis aux conquistadors espagnols à qui les Diaguitas résistèrent près de 130 ans !! L’emplacement choisi pour établir cette cité sacrée de Quilmes n’est pas étranger à cette prouesse de résistance aux armes à feu des Espagnols : les contreforts du mont Cerro Alto del Rey sur lesquels la ville est adossée permettaient le repli en sécurité des habitants… En 1667, les indiens diaguitas de Quilmes sont tout de même défaits par les Espagnols… en guise de représailles, les derniers résistants (1 à 2 milliers) sont conduits à pied jusqu’à la ville de Buenos Aires, distante de plus de 1500 kilomètres. De nombreux périrent en chemin, et les quelques survivants furent installés en périphérie de la capitale dans une ville qui porte actuellement le nom de Quilmes, et dans laquelle est brassée la plus célèbre bière d’Argentine, la Quilmes !
Aujourd’hui, il ne reste plus aucun descendant de ces indiens diaguitas dans la ville de Quilmes de la province de Buenos Aires. Certains Quilmes ont cependant pu échapper à la déportation et se sont installés dans les alentours de l’ancien pueblo et forment aujourd’hui la communauté Quilmes.
L’ancienne cité est aujourd’hui exploitée par les descendants de la communauté Quilmes qui proposent des visites guidées de la petite partie entièrement restaurée et qui ne représente que 10 à 15% de la superficie totale du village, le reste étant envahi par la végétation : cactus cardones, et buissons épineux…
Après cette plongée dans l’histoire assez émouvante de ce pays et avant de rejoindre Cafayate et les vignobles de la région de Salta, nous faisons un petit détour par la petite ville de montagne de Tafi del Valle. De la ruta 40, nous bifurquons vers le sud-est, en direction de San Miguel de Tucumán, pour nous engager sur une petite route sinueuse (mais heureusement asphaltée) envahie par de nombreux animaux en liberté : chevaux, vaches, chèvres, … dont certains ne bougent même pas d’un pouce à notre approche !
Les 70 kilomètres qui séparent la Ruta 40 de Tafi nos prennent quand même pas mal de temps puisqu’il nous faut passer un col à plus de 3000 mètres d’altitude et serpenter à travers la puna argentine ! Les paysages sont magnifiques et le séjour à Tafi, au bord du Dique La Angostura (dique = lac artificiel) est des plus reposants ! les nuits sont plutôt fraiches à 2100 mètres d’altitude : cette fois-ci, nous échappons à la neige, mais pas aux gelées matinales !!
Hélène et Jean-Paul
Après la géographie et la géologie , place à l’histoire !!!
Bises 😘😘😘😘
Edmond
C »est formidable d’apprendre tous les jours avec vos récits.
Il n’y a pas que les français qui sont partout.
Bises à vous quatre.
Danièle et Edmond