La Terre de Feu
Notre séjour au Chili sera très bref, à peine 24 heures, juste le temps de passer à nouveau la frontière et de remettre nos compteurs à 0, ou plutôt nos visas de touristes à 90 nouveaux jours pour notre séjour en Argentine !
Les paysages du côté argentin de la Terre de feu sont nettement plus variés que ceux auxquels nous étions habitués en Patagonie : l’herbe des pâturages vallonnés semble plus dense et plus grasse, on observe de nombreux ruisseaux qui serpentent au milieu des troupeaux de vaches ou de moutons, eux aussi bien gras… La Ruta 3, que l’on récupère à peine la frontière chilienne passée, nous parait beaucoup moins longue et surtout beaucoup moins monotone !!
Nous faisons une petite pause logistique à Rio Grande pour faire le plein d’eau, de gaz, de carburant et de provisions, notre frigo était bien vide depuis notre départ de Rio Gallegos… et nous ferons escale à la Casa Azul de Graciela, située sur les bords de la rive droite du fleuve Rio Grande (pas très original, mais plutôt fastoche pour les cours de géographie !!). Très loin d’un camping traditionnel, Graciela met à disposition son jardin et sa maison (bleue, bien sûr… dedans comme dehors !) pour accueillir les voyageurs qui souhaiteraient faire étape à Rio Grande, et surtout Graciela met toute son énergie (et Dieu sait si elle en a à revendre !) pour que les voyageurs se sentent chez elle comme chez eux… Nous avons trouvé juste la place nécessaire pour garer notre camping-car dans son allée gravillonnée, et nous avons passé une très bonne soirée en sa compagnie, et avec celle de Kate et d’Alejandro, 2 cyclistes voyageurs, l’une de Sydney, et l’autre de Santiago ! Les filles étaient ravies de trouver 1000 trésors dans l’atelier de Graciela regorgeant de cartonnage, de chutes de tissus et autres matériaux recyclés par la propriétaire des lieux…
Avant de reprendre la route en direction du sud, nous nous arrêterons brièvement dans un parc de la ville dédié à la commémoration de la guerre des Malouines (Guerra de las Malvinas) de 1982 et aux héros argentins y ayant combattus… De nombreux parcs commémoratifs de cette guerre sont présents dans les différentes villes argentines que nous avons traversées depuis le début de notre voyage, et nous voyons fréquemment des panneaux indiquant « las Malvinas son argentinas » (les Malouines sont argentines, en français, ça rime aussi). Malgré le fait que les Malouines soient officiellement britanniques depuis 1982 et la défaite des Argentins lors de la guerre des Malouines (72 jours de conflit durant lesquels périrent 230 Britanniques et plus de 700 Argentins) et malgré le résultat du referendum de 2013 aux dites Malouines où 99% des votants ont apporté leur suffrage au Royaume Uni, l’Argentine continue de revendiquer ce petit archipel de l’océan Atlantique situé à la latitude de Rio Gallegos.
Quelques kilomètres avant d’atteindre Tolhuin, alors que nous venons de franchir la barre des 5000 bornes, nous commençons à apercevoir des arbres et à deviner des montagnes se découpant à l’horizon… Quel bonheur après 3000 kilomètres de Patagonie plane et pelée !!
Nous ferons étape dans cette petite ville se proclamant le cœur de la grande île de la Terre de Feu, au camping Hain, situé au bord du lac Khami : orienté est-ouest, ce lac de près d’une 100 aine de kilomètres de long, à cheval sur le Chili et l’Argentine et qui ne gèle jamais, ressemble à s’y méprendre à la mer avec sa houle et son écume…
Roberto, le propriétaire du camping est un as du recyclage (comme Graciela de la Casa Azul !!) et du bricolage : il a fabriqué de nombreux tipis et autres constructions pour abriter les campeurs du vent (et leur feu de camp !) avec des chutes de bois, qu’il a ensuite décoré avec des tableaux réalisés à l’aide de bouchons en plastique de toutes les couleurs et de nombreux arbres à bouteilles (en verre cette fois !) fleurissent le camping.
La petite bicoque servant de cuisine et de pièce à vivre, au chaud et à l’abri du vent, est entièrement décorée par des écriteaux réalisés par les différents voyageurs ayant séjourné au camping ! Nous ne dérogerons pas à la tradition et apporteront notre petite touche à cette déco très originale et très chaleureuse.
De l’autre côté de la rue, il a conçu un parc de jeux pour les enfants entièrement fait avec des matériaux recyclés : palettes, bobines de bois, filets de pêche, tubes de PVC, etc… à la grande joie des filles qui ne voulaient plus en décoller !
Après 2 nuits dans cet endroit paisible et reposant, nous reprendrons la route en direction d’Ushuaia, la ville la plus australe du monde. La portion de Ruta 3 qui y mène est splendide : elle longe tout d’abord une partie du lac Khami puis commence à serpenter sur les flancs de l’extrémité australe de la Cordillère des Andes : depuis le temps qu’on l’attendait, la voilà enfin !!
Quand nous arrivons à Ushuaia, nous sommes surpris par la relative douceur de l’air : nous nous attendions à devoir sortir bonnets, moufles et écharpes, mais il fait soleil, la température extérieure avoisine les 18°C et il n’y a pas un pet de vent… Plutôt agréable ce début d’automne austral!
Nous nous rendons rapidement compte qu’une coupure générale d’électricité affecte la ville : plus aucun feu rouge en fonctionnement dans les carrefours, plus aucune lumière dans les magasins, plus de machine à café opérationnelle dans les restaurants et plus de Wi-Fi à l’office de tourisme… grrr… Nous apprendrons un peu plus tard que cette coupure d’électricité est due au percement de la conduite de gaz alimentant la ville (et oui apparemment l’électricité est produite à partir de gaz par ici) par une des pelleteuses que nous avons croisé sur la route en arrivant à Ushuaia : ils auraient mieux fait de s’abstenir de travailler un samedi !!
Après avoir pris le temps de flâner sur le port et dans les rues commerçantes et touristiques de la ville… bref de savourer d’être enfin arrivés à Ushuaia, nous partons en quête d’un lieu de bivouac : la dame de l’office du tourisme nous ayant informé que plus aucun camping n’était ouvert actuellement dans la ville. Est-ce parce que nous sommes hors saison ? Est-ce que les campings sont définitivement fermés ?Qu’à cela ne tienne, nous bivouaquerons ! Nous ferons des économies, au vu des tarifs exorbitants de la ville du bout du monde, elles seront substantielles… et puis la zone regorge de bivouacs potentiels dans des endroits plutôt sympathiques !
Nous élisons domicile à quelques kilomètres au nord de la ville, au pied du glacier Martial, où nous ferons une magnifique balade au milieu des Nothofagus, la seule famille d’arbres représentée dans les forêts de la Terre de feu, dont 2 espèces principales peuvent être observées : les Lenga aux feuilles caduques, très facilement reconnaissables à leur feuillage rougeoyant en automne et les Guindo aux feuilles persistantes qui restent vertes en toute saison.
D’ailleurs une autre théorie (toute personnelle !!) pourrait expliquer parfaitement l’appellation « Terre de Feu » de cette petite île du bout du monde : ce nom mystérieux pourrait provenir des couleurs automnales et chatoyantes des forêts de Nothofagus recouvrant les montagnes qui peuvent faire penser, au milieu de la brume et vues de bateau, aux couleurs mordorées du feu… Ok, encore faut-il savoir à quelle saison les Espagnols y accostèrent précisément… A creuser…
Bref, la balade était magnifique, le temps radieux, les panoramas sur le canal de Beagle et les montagnes chiliennes à couper le souffle, et Zoé en pleine forme : elle a trotté pendant 8 kilomètres avec près de 300 mètres de dénivelé positif, le tout en chantant !!
Après cette entrée en matière fort agréable, nous avons rejoint le Parque Nacional Tierra del Fuego, au bout du bout de la Ruta 3, dont nous avons même parcouru les derniers kilomètres à pied !!
La partie du parc national que l’on peut visiter est assez restreinte mais les balades que l’on peut y faire sont très jolies et accessibles à tous les niveaux… Dommage que l’entrée du parc ne nous permette que de rester 3 jours et 2 nuits…
Nous aurons même le plaisir de poster nos cartes postales dans LE bureau de poste du bout du monde… avant même d’arriver dans les boites aux lettres des heureux élus (si elles arrivent…), ces cartes aurons déjà fait pas mal de route : nous les avons acheté à la Péninsule Valdès, timbrées à Rio Gallegos et postées au Parque Nacional Tierra del Fuego, elles auront déjà parcouru près de 2000 km avec nous !
Pendant ce court séjour en Terre de Feu, nous nous rendrons compte que le climat est très changeant… Il peut faire un soleil magnifique le matin, et pleuvoir à seaux dans l’après-midi… Il peut faire un froid de canard au réveil, et si doux dans la matinée qu’on peut se promener en t-shirt (à manches longues quand même !!) Bref, on peut avoir, comme à Melbourne, les 4 saisons dans la même journée, enfin, 3 sûr !!
Pour rejoindre le continent, une fois n’est pas coutume, nous reprendrons le même chemin qu’à l’aller… avec une petite escale à la Casa Azul de Graciela à Rio Grande, et une autre, côté chilien, à Onaisin, sur la Bahia Inutil, dans une des prairies d’une estancia où une des rares colonies de manchots royaux, hors antarctique, a élu domicile depuis 2008 !!
en 15 jours en Terre de Feu, nous en avons pris plein les yeux… Nous voilà parés maintenant pour reprendre la route… Objectif : le Sud du Chili !!
Edmond
Merci pour ces récits, on en prend aussi plein la vue! Bonne continuation et gros smacks à vous quatre d’Alsace.
Thomas
Donc vous avez fini à pied la Ruta 3, la route du bout du monde pour aller poster les cartes dans le bureau de poste du bout du monde ! Vu que les cartes de Buenos Aires sont arrivées deux mois après avoir été postées, il y a des chances pour que celles-ci battent encore un record de lenteur… 😉
Merci pour ces nouvelles et ces superbes photos de paysages magnifiques !! C’est marrant que les 30 bornes d’avant soient aussi monotones et que dans ce « petit » morceau de terre, il y ait une telle diversité des paysages, de la flores, de la faune, etc. En tout cas, vous en avez eu plein la vue !! 🙂
Grosses grosses bises et bonne route !
Hélène et Jean-Paul
Ça valait le coup d’attendre et de supporter la monotonie de la pampa , vous en avait pris plein les yeux de ces paysages à couper le souffle et ce n’est sans doute pas fini !
Merci de nous faire partager ces moments avec vous , on voyage dans notre fauteuil ….
Bises des parents
Hélène et Jean-Paul
En me relisant je découvre la grosse faute de conjugaison, il faut croire que je ne suis pas bien réveillée 😵😵
laffitte
Salut a vous
On suit avec plaisir vos aventures, bande de veinards! On attendait le dernier article avec impatience, Camille aimerait rejoindre sa copine, en vous poussant un peu…?
Gros bisous a vous
Emma et Tim
je me languissais de vous lire ! super description et magnifiques photos ! profitez bien !
quel plaisir de revoir certains paysages !