Le cimetière de Pomuch
La prochaine étape après Merida est la petite ville coloniale de Campeche au bord du golfe du Mexique et classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Il y a un peu plus de 200 km à parcourir : les routes mexicaines sont plutôt bonnes pour le moment, et comme il fait déjà bien chaud de bon matin, nous nous accordons une petite pause raffraichissante au très joli cenote Kankirixche.
Sur l’étroite petite route en terre qui y mène, on a du mal à s’imaginer un si grand trou d’eau dans un environnement aussi désertique… et pourtant, il suffit juste de descendre un petit escalier de bois mi branlant – mi glissant, pour se baigner dans une eau fraiche et limpide !
Quel délice !
Les filles s’en donnent à coeur joie en sautant à l’eau, de plus en plus haut sur l’escalier !! Tandis que Pierre, équipé des lunettes de piscine d’Agathe explore en apnée, les cavernes et les stalactites noyées !
Bref, un chouette moment de détente raffraichissante..
Un peu plus loin sur la route nous faisons une petite halte au cimetière de Pomuch, sur les conseils avisés de nos copains les A2SL World, via le site internet de Atlas Obscura.
Grâce au dernier film de Disney, Coco, que nous avions vu au ciné au Panama en décembre dernier, nous étions déjà pas mal au fait des traditions mexicaines del Dia de los Muertos, le jour des morts, célébré le 2 novembre chaque année : les portraits des défunts de la famille exposés sur l’autel des morts avec de nombreuses douceurs qu’ils aimaient de leur vivant au milieu d’une multitude de pétales de fleurs, les repas en musique pris au cimetière de leurs mets préférés… bref, un rapport à la mort des Mexicains assez différent du nôtre, un peu plus gai, plus festif, voire même plus « vivant » !
Quelle n’a donc pas été notre surprise en nous baladant dans les allées du cimetière de Pomuch, petit village maya au nord de Campeche : ici les os et les crânes des défunts sont exposés, à la vue de tous, dans les petites niches des caveaux, bien disposés sur un joli tissu brodé dans de petites boites en bois !!
La tradition veut même que chaque année, le jour de la fête des morts, les proches des défunts nettoient les os de leurs êtres chers disparus avant de les redisposer dans leur petite boite sur un nouveau tissu brodé, à l’intérieur de la niche du caveau.
Dans ce petit village, chaque mort est d’abord enterré 3 ans avant d’être exhumé le 2 novembre, jour de la fête des morts, pour que ses proches puissent nettoyer ses os une première fois et les disposer dans une petite boite en bois.
Il semblerait que cette pratique descende directement des traditions mayas, où les crânes des ancêtres étaient conservés et vénérés.
D’autre part, de nombreux habitants de Pomuch sont persuadés que les défunts dont on ne prend pas soin, au moins une fois par an, se mettent en colère et errent comme des âmes en peine dans les rues du village…
Quelque soit la motivation de chacun, la tradition perdure toujours en 2018, et il est assez étonnant de voir que chacun des caveaux du cimetière est surmonté de une ou plusieurs boites en bois, contenant un crâne et des os, parfois même des cheveux ou encore des lambeaux de peau…
Nous ne nous attarderons pas trop dans ce cimetière assez dérangeant pour nos esprits occidentaux, et nous ferons bien : à peine rentrés dans le camping-car, nous essuyerons un bon orage, le 3e en 3 semaines au Mexique !
De quoi raffraichir l’atmosphère étouffante et dépoussiérer le camping-car… le temps d’arriver à Campeche, la pluie se sera déjà calmée !
Hélène Boué
Autre lieu , autres mœurs ! C’est un rapport à la mort différent du nôtre et peut-être que ces gens ont moins peur à la perspective de leur disparition puisqu’ils savent qu’ils garderont toujours une place auprès des vivants .
Edmond
Vous avez encore pu vous baigner dans une piscine privée puisque vous étiez seuls.
En France on ne pourrait pas exhumer les morts pour les nettoyer après 3 ans car ils ne sont pas encore décomposés après une période aussi courte, selon certains experts c’est du aux soins prodigués par les thanatopracteurs mais surtout à cause de tous les conservateurs qu’on ingère pendant toute la vie. Après 5 années passées dans les caveaux les corps achèvent seulement, en général, leur décomposition selon les professionnels du métier.