Nous rentrons en Argentine par le poste frontière de Cerro Castillo, les formalités au Chili se passent rapidement (plus rapidement quand on sort du pays que quand on y entre !), celles d’Argentine, 7 kilomètres plus loin, aussi.

Peu après la frontière, nous rejoignons la mythique Ruta 40 argentine : après les sommets enneigés du Chili que nous venons de quitter, nous retrouvons les paysages plats à la végétation pelée de la Patagonie argentine… Heureusement que les petits autels du Gauchito Antonio Gil viennent casser la routine…

Cependant plus nous approchons d’El Calafate et plus les reliefs se découpent et les sommets enneigés commencent à émerger de la mer de nuages… Nous sommes à environ 350 kilomètres de Torres del Paine par la route, mais à seulement une 100aine de kilomètres au nord à vol d’oiseau !

La ville est petite et très agréable : l’avenue principale del Libertador General San Martin, bordée de peupliers, ondulant au gré des rafales du vent patagon et arborant de jolies teintes dorées de l’automne, est une succession de bars, restaurants, magasins de souvenirs ou autres magasins d’articles de montagne, alternant avec des agences touristiques proposant milles excusions différentes pour visiter les joyaux des environs : « safari nautique » sur le lago Argentino dans lequel se jette le très célèbre glacier Perito Moreno, sorties équestres dans des estancias toutes proches, randonnées sur le glacier, sortie escalades ou alpinisme, il y en a pour tous les goûts et pour tous les budgets.

Nous resterons 3 jours dans cette petite ville très touristique qui sait tirer profit des richesses naturelles qui l’entourent, et nous nous rendrons rapidement compte que la météo dans ce coin du globe est très capricieuse et qu’en gros il fait beau un jour sur deux…

Pas de bol, notre visite du Perito Moreno est tombée lors d’un jour de grisaille… Seule la chaleur des rayons du soleil nous a manqué lors de notre pause pique-nique que nous n’avons pas trop prolongée pour cause d’engourdissement des orteils et des doigts ! Et peut-être un peu aussi pour de jolies photos plus lumineuses… pour le reste, le temps ne nous a, en aucun cas, empêché d’admirer le fabuleux spectacle de cette force de la nature. Ce glacier, un des rares au monde à ne pas régresser (il est au même niveau qu’il y a 1 siècle !) est également un des plus rapides : sa vitesse de progression est de l’ordre de 2 mètres par jour, ce qui est considérable ! On le voit littéralement avancer, ce qui entraine des chutes de pans entiers du front du glacier dans le lac auquel il a donné naissance, le Lago Argentino et qui s’étend jusqu’à la ville d’El Calafate située à 80 kilomètres de là.

Nous sommes restés hypnotisés par cette gigantesque muraille bleutée d’environ 5 kilomètres de large et de 50 à 70 mètres de hauteur, grondant comme le tonnerre…

A chaque grondement, nous nous immobilisions en silence, en essayant de déterminer d’où provenant ce craquement, synonyme de l’effondrement imminent d’une partie du glacier dans le lago Argentino, dont l’eau bleu turquoise est tellement chargée en farine de roche en suspension qu’elle en devient opaque. Quelques petits icebergs aux formes variées dans un camaïeu de bleus flottent au pied du glacier : avec un peu d’imagination, nous avons pu voir un chien, un éléphant et son petit (qui a été sauvagement abimé lors de l’effondrement d’une partie du glacier…) et même un dragon !

Les différentes boucles proposées sur des passerelles métalliques, qui ont été installées dans le plus grand respect de la nature environnante, permettent d’admirer le glacier sous tous les angles, ou presque et sont accessibles à tous les niveaux : il y a même une boucle prévue pour les fauteuils roulants, ils pensent à tout ces Argentins !

Après avoir visité la partie sud du Parque Nacional Los Glaciares, le parc national des glaciers classé au patrimoine mondial de l’Unesco, nous reprenons la Ruta 40 en direction d’El Chaltén et de la partie nord de ce parc national. Et le compteur affiche déjà 7000 kilomètres !

Le village d’El Chaltén, très récent (fondé en 1985 par l’Argentine pour s’imposer dans cette zone frontalière mal définie entre le Chili et l’Argentine), est petit mais très touristique : nous entendons parler toutes les langues dans les rues et sur les sentiers, et surtout beaucoup français ! Nous retrouvons par hasard sur le sentier du mirador du Fitz Roy, Myriam et Geneviève, deux Belges que nous avions rencontrées lors de notre visite du Perito Moreno et que Zoé et Agathe ne veulent plus quitter.

De très jolies balades pour tous les niveaux sont proposées, pratiquement au départ du village (pratique, on part directement du bivouac !) : les sentiers serpentent au milieu des lengas, les hêtres australs que nous avions découvert en Terre de Feu, qui arborent des couleurs automnales somptueuses. Il semblerait d’ailleurs que nous soyons tombés en pleine saison des tours-photos en Patagonie, comme nous l’a confirmé Joël (www.joeldelmas.com), un Français rencontré lui-aussi sur le chemin du Mirador du Fitz Roy (qui est resté dans les nuages toute la journée…), géotechnicien reconverti en guide photo en montagne après ses voyages en famille en camping-car en Amérique du Sud !

Le seul petit inconvénient de ce joli petit village est le bourdonnement d’hélicoptère incessant qui est fort probablement dû à une usine électrique !

Nous ne partirons pas sans avoir pu admirer les sommets enneigés qui surplombent la ville, dont les fameux Fitz Roy et Cerro Torre, qui ont daignés se découvrir de leur voile de nuages ! Splendide !

Nous reprenons la route, cette fois-ci, en mettant le cap plein nord 😉