Les derniers kilomètres avant la Terre de Feu…
Nous sommes heureux de quitter la piste caillouteuse pour retrouver l’asphalte !
Il nous reste maintenant moins de 700 km pour atteindre la Terre de Feu et un peu moins de 1000 pour atteindre Ushuaïa, qui sera notre escale la plus au sud…
Plus nous avançons vers le sud, et plus la végétation se fait rase et disparate : nous nous demandons ce que peuvent bien brouter les moutons et les guanacos au milieu de ces touffes d’herbes éparses.
C’est au milieu de ce paysage désolé que nous atteignons les 4000 kilomètres au compteur !
Nous arrivons peu de temps après à San Julian, un petit port de la côte atlantique où fit halte près de 500 ans avant nous, le célèbre Magellan et tout son équipage. La petite ville très calme et très propre se targue d’ailleurs d’avoir été le premier endroit de toute l’Argentine où la première messe ait été célébrée ! En 2005, une réplique de la célèbre caraque espagnole faisant partie de la flotte de Magellan, le Nao Victoria, premier navire ayant réalisé un tour du monde, est exposée sur le port… et depuis, il est possible de visiter ce musée « thématique » assez original ! Nous n’avons pas eu droit à la visite guidée exposant toute l’histoire de ce navire, les pluies de la veille ayant fait disjoncter l’ensemble de l’installation électrique du musée. Nous avons donc pu nous promener librement sur le bateau qui nous a semblé plutôt petit et peu confortable pour traverser l’océan Atlantique… en tous les cas, à notre époque !
Nous poursuivons notre route vers Rio Gallegos, capitale de la province de Santa Cruz, et nous somme surpris d’apercevoir de nouveaux panneaux de signalisation, qui semblent indiquer : vents violents ! Nous sommes étonnés de ne les rencontrer que maintenant alors que cela fait plus de 2000 kilomètres que nous sommes entrés en Patagonie et que nous subissons quotidiennement les assauts de ces vents 😉
Nous sommes également un peu circonspects puisque ces panneaux ne semblent pas indiquer la direction principale du vent patagon : d’après les explications des gardes nature de la forêt pétrifiée, le vent de Patagonie viendrait de la côte ouest du continent. Il s’agirait en fait des vents de l’océan Pacifique qui seraient accélérés comme sur un tremplin par les Andes et souffleraient sur un territoire dépourvu d’arbres jusqu’à la côte atlantique… Les théories divergent peut-être… En tous les cas, nous sommes prévenus, ça peut souffler fort par ici !
Nous en faisons l’expérience le soir même, sur notre lieu de bivouac (trouvé grâce à l’application iOverlander), le long du bord de mer de Rio Gallegos… Quand nous sommes arrivés en ville en fin d’après midi, le ciel était gris et il n’y avait pas beaucoup de vent… Petit à petit au fil de la soirée le vent s’est intensifié jusqu’à devenir très important… Nous l’entendions siffler sans cesse sur l’habitacle… Certaines rafales étaient si fortes que le camping-car tanguait comme s’il était en pleine mer !
Vers minuit, n’arrivant toujours pas à trouver le sommeil, nous sommes partis à la recherche d’un endroit un peu plus abrité du vent pour y finir la nuit. Nous voilà donc partis en pleine nuit à sillonner les rues alentours avec les filles endormies dans leurs couchettes : sous nos yeux, les arbres de la ville (youhou enfin des arbres !!) étaient malmené par les rafales infernales et quasi continues de ce vent patagon… nous avons trouvé une place sur le parking d’un collège ou d’une école, dans un endroit nettement plus abrité du vent ! Et nous nous rendons compte que nous avons bien été épargné depuis notre arrivée en Patagonie…
Le lendemain, au réveil (difficile !), le vent n’avait toujours pas faibli… et il a perduré la journée entière… Nous avons donc bravé les éléments pour accomplir les missions que nous nous étions fixées : déposer du linge à la lavanderia, retirer de l’argent à la banque, changer des dollars en pesos chiliens en vue de notre prochaine entrée au Chili (nous avons échoué sur cette tâche !), acheter des timbres, récupérer le linge, faire le plein de carburant et trouver un endroit de bivouac bien abrité du vent pour la nuit… Nous déciderons rapidement de ne pas prolonger notre séjour dans cette ville extrêmement venteuse, et préférons reprendre la route en direction de la Terre de Feu.
Nous passerons notre dernière nuit à Rio Gallegos sur un parking de routiers derrière une station service de la Ruta 3 à la sortie de la ville : l’endroit n’est pas très glop, mais il est au moins très bien protégé du vent par des palissades et par les camions stationnés autour… (petite pensée pour Daweed !) La nuit fut nettement meilleure que la précédente, bien que les allées et venues des camions nous aient sortis du sommeil quelques fois pendant la nuit !
Nous ne trainerons pas à lever le camp le lendemain matin, en direction de la frontière Argentine -> Chili et du fameux détroit de Magellan qui nous mènera en Terre de Feu !
Et grand bien nous en a pris : vu le nombre de voitures déjà stationnées lorsque nous sommes arrivés, il nous faudra pas loin de 2 heures pour s’affranchir de toutes les formalités douanières : police aux frontières, douane argentine, douane chilienne et phytosanitaire… En prévision de ce passage en douane, nous avions vidé le frigo : plus aucun fruit ou légume dans le camping-car, plus de viande, beurre, jambon ou saucisson et plus de miel… il n’est pas seulement interdit de transporter ces produits en Calédonie, mais aussi au Chili !!
C’est sous la pluie que nous rentrerons au Chili… la route bétonnée est plutôt bonne, seulement pas très agréable à chaque changement de dalle tous les 10 mètres, mais nous ne rencontrons aucun nid de poule, ni de déformation de la chaussée sur cette « route de la fin du monde », comme l’indiquent les panneaux de signalisation ! Nous ferons une pause déjeuner dans un petit restaurant de Punta Delgada : pas de choix dans le menu, plutôt copieux et délicieux, à moindre coût.. soupe de maïs, pommes de terre, steak de bœuf, pain, jus de fruit et pruneaux aux flocons d’avoine… parfait pour nous réchauffer et nous rassasier !
Alors que nous ne sommes qu’à quelques kilomètres du détroit de Magellan, nous sommes contraints de nous arrêter derrière la file de voitures (en majorité des camions !) déjà présente… Nous imaginons que c’est la queue pour le ferry et attendons patiemment… Au bout d’une demi-heure, ne voyant toujours rien bouger, nous nous avançons à pied pour voir ce qu’il se passe… A notre grand étonnement, le ralentissement n’est pas dû à la file d’attente pour le ferry, mais à un camion renversé en plein milieu de la chaussée, bloquant les 2 voies !! Une ambulance est déjà sur place pour porter secours au chauffeur, qui semble-t-il, s’en sort avec « seulement » une jambe cassée…
Nous pourrions profiter de cette pause obligatoire pour aller nous promener à pied aux alentours, les filles pourront ainsi se dégourdir les jambes, et nous aussi ! Mais les écriteaux en contre haut de la route nous refroidissent instantanément : des restes des mines anti-personnelles de la guerre des Malouines (1982) trainent encore dans les environs… ça fait froid dans le dos… Nous resterons donc bien au chaud dans le camping-car, et n’emprunterons la piste dans le champ d’à côté qu’après que de nombreux véhicules soient déjà passés et que les carabiniers nous aient autorisés à le faire.
Nous arrivons au niveau du détroit de Magellan tout juste quand le bac arrive à quai… Nous n’avons plus qu’à embraquer et à partir pour une mini croisière… 20 minutes après être partis, nous débarquons en Terre de Feu !!!
Thomas
C’est vrai qu’en voyant la taille de la caravelle, on a du mal à s’imaginer que des hommes ont pu réaliser un tour du monde là-dedans… Enfin il ne faut pas oublier les aventuriers modernes qui traversent l’Amérique Latine en camping car, au gré des rafales de vent, sur la route de la fin du monde pour aller en terre de feu…
Merci pour toutes ces nouvelles et pour ces photos magnifiques… 4000 bornes, troisième pays visité dans votre périple, des paysages à couper le souffle, bonne continuation !! 🙂
Edmond
Pour info les bateaux des conquistadors n’étaient pas bien gros d’ailleurs lorsqu’ils étaient déventés le capitaine envoyait quelques matelots dans une chaloupe pour les faire avancer ou pour les remettre dans le sens du vent plus rapidement tout cela bien entendu à la force des bras ! La chaloupe tirait la Caravelle.
Sinon vous avez une météo d’Automne, pluie et vent, on se croirait à Dunkerque ! Profitez en quand même, c’est véritablement le bout du monde et on n’y va pas tous les jours. Gros bisous aux PAZA et bonne route.