Les mondes engloutis en adobe des cultures Moche et Chimú
Suite à nos soucis mécaniques et à ceux de nos copains belges, nous décidons d’un commun accord de quitter la Cordillera Blanca pour rejoindre la côte et ses grandes villes où il sera plus probable de trouver des garagistes et les pièces nécessaires.
Nous repartons donc de Caraz en direction de Trujillo à travers le canon del Pato, le canyon du canard, fort joli mais fort sinueux, avec une route très étroite ponctuée de plus de 35 tunnels suffisamment larges pour ne laisser passer qu’une seule voiture de front! Nous avons quelques sueurs froides au croisement de voitures et camions péruviens qui arrivent en sens inverse à pleine balle !
La route nous réserve d’autres surprises sympathiques : un pont dont une bonne partie des planches manque à l’appel et où il faut viser juste pour que les pneus ne chavirent pas dans les trous ! Ou encore des arrachements d’une partie de la chaussée, sans doute dues aux pluies diluviennes et aux intempéries du début d’année !
Mais nous ne sommes pas au bout de nos peines… en suivant le conseil de Jaime du camping Guadeloupe de Caraz, nous bifurquons au bout d’un moment sur une route soi-disant privée, qui doit nous épargner un détour de 60km par Chimbote, pour rattraper plus rapidement la Panaméricaine Nord pour arriver àTrujillo… ce que Jaime avait omis de nous dire c’est que ce raccourci a aussi été fortement endommagé par les intempéries du début d’année, et que la piste est bien abîmée : nous mettrons pas loin de 3 heures pour faire 50 km… Autrement dit, nous aurions été nettement plus vite en rallongeant le trajet de 60km de bitume !
Bref, nous sommes bien contents d’arriver à Trujillo. Nous nous ravitaillons au supermarché et c’est sur le parking de Tottus que nous quittons nos amis belges qui prennent un peu d’avance sur nous.
Nous établissons notre camp de base à une quinzaine de kilomètres au nord de Trujillo, dans la petite station balnéaire de Huanchaco et ses mythiques embarcations de pêcheurs, les « caballitos de totora ».
C’est de là que nous pourrons découvrir les splendeurs Moche et Chimú de la région, englouties par les sables depuis des siècles.
Postérieure à la culture Chavin, la culture Moche (baptisée du nom du fleuve Moche, qui coule au sud de Trujillo) fleurit entre 200 et 800 de notre ère. Basée sur un pouvoir théocratique, chaque ville était gouvernée de manière indépendante. Des pyramides ou huacas étaient érigées dans chacune d’entre elles : une première de fonction religieuse où étaient réalisés entre autres les sacrifices humains quand le dieu Aiapaec, ou dieu decapitateur, « l’exigeait » suite aux mauvaises conditions climatiques par exemple. Et une seconde de fonction plus politique et administrative. La ville comme les pyramides étaient construites en briques d’adobe, de la terre crue mélangée avec des débris de coquillages et de petits cailloux.
Ces pyramides n’ont aujourd’hui, plus le faste d’antan, qu’il est bien difficile d’imaginer à première vue quand on se trouve devant ces grands tas de terre de plus de 30 mètres de haut. Mais en observant un peu mieux, surtout à l’intérieur de ces pyramides que les archéologues ont mis à jour, on peut admirer de magnifiques fresques murales en couleur et en relief réalisées sur les murs des différents étages de la pyramide : 1 étage pour chaque siècle environ, et qui était par la suite remblayé pour édifier l’étage suivant par-dessus. Les huacas que nous avons pu voir avaient 5 étages.
Les fresques murales de la huaca de la luna à Trujillo sont dans un état de conservation incroyable, si l’on considère la fragilité des matériaux utilisés et leur âge, il y a plus de 1500 ans !
Dans certains étages de ces pyramides furent découvertes des tombes de dirigeants puissants, enterrés avec de nombreux objets : poteries, nourriture, bijoux d’or, d’argent, de pierres précieuses et semi-précieuses, mais aussi avec des « compagnons » pour le voyage dans l’au-delà : femmes, chefs militaires, prêtres, servants, enfants, gardiens etc… jusqu’à 17 personnes furent découvertes dans la tombe d’un seigneur, dont les restes furent déplacés pour éviter qu’ils fussent recouverts par les eaux d’El Niño.
Nous avons pu découvrir ainsi la tombe de la Dame de Cao, dans la huaca de Cao Viejo dans le site archéologique d’El Brujo (le sorcier), une chef Moche ayant gouverné aux alentours de l’an 300 après JC : la première présidente du Pérou !!
Ou encore la reconstitution de la tombe du seigneur de Sipan, que l’on peut admirer dans le museo de las tumbas réales de Sipan… malheureusement, dans ce site presque mieux gardé qu’une ambassade américaine, il n’est pas possible de prendre de photos.
Nous irons également visiter les vestiges de la plus grande ville en adobe d’Amérique : le célèbre site de Chan Chan, capitale du royaume Chimor, datant d’environ 1200 après JC.
Des 20 km2 de superficie de cette plus grande ville du Pérou à l’époque il n’est possible aujourd’hui de n’en visiter qu’une infime partie : un petit morceau d’un des 10 palais que comptaient la ville. Chaque palais était construit par un seigneur, où il était enterré à sa mort, le seigneur suivant en construisant un à côté.
Les ornements en adobe sont superbement réalisés et représentent les objets et animaux du quotidien : écureuils, pélicans, poissons, filets de pêche etc… impressionnant !
Pas étonnant que le site ait été classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1986 !
Hélène BOUÉ
Des ruines , des ruines , encore des ruines ….
Toutes différentes les unes des autres , le PÉROU 🇵🇪 est un pays surprenant jusque dans ses raccourcis !
😘😘😘😘de Ligny