Sur la route qui nous mènera à Puerto Natales et au parc national de Torres del Paine, juste après avoir visité une estancia fantôme et des épaves de bateaux du côté de San Gregorio, nous ferons un petit détour à Punta Arenas, dans l’espoir de trouver un convertisseur 12 volts -> 220 volts qui nous permettrait de faire fonctionner le mixeur plongeur (fort pratique pour éliminer tous les morceaux de courgettes, de carottes ou d’oignons, des soupes et des sauces tomate, qui rebutent tant les filles)  de recharger, accessoirement, les brosses à dents électriques et surtout de recharger la batterie de l’appareil photo sans être obligé de connecter le camping-car à une prise 220 volts d’un camping !

Et la zone franche de cette ville du bout du monde, sans grand autre intérêt que les magasins duty-free regroupés dans une sorte de zone industrielle séparée du reste de la ville par des fils barbelés, a comblé tous nos espoirs : nous sommes désormais « fully » autonomes !! Finie la panique de trouver daredare un camping parce que la batterie de l’appareil photo est presque vide… Nous avons maintenant l’esprit plus libre : libérés, délivrés… ok j’arrête tout de suite !!

Et quitte à avoir fait un petit détour jusqu’ici, autant aller visiter le museo de sitio Nao Victoria situé à la sortie de la ville sur un petit terrain faisant face à la Terre de Feu sur les bords du canal de Beagle : des passionnés ont reconstruits à l’échelle 1 :1 une réplique du Nao Victoria de Magellan, seul bateau des 5 navires de sa flotte ayant terminé en 3 ans(1519-1522) le premier tour du monde à la voile (seuls 18 des 260 hommes ayant embarqués dans cette expédition sont revenus sur le Nao Victoria, et Magellan  n’en était pas !). Cette réplique est plus impressionnante que celle que nous avions vue à Puerto San Julian en Argentine, puisqu’elle a été entièrement construite en bois selon les plans d’époque en provenance d’Espagne et du Portugal.

On peut également visiter une autre réplique de bateau célèbre à quelques mètres du Nao Victoria, le Beagle de Fitz Roy et Darwin, qui est tout aussi magnifiquement réalisée ! Navire qui ne semble, cependant pas beaucoup plus « perfectionné » que celui de Magellan malgré les 3 siècles qui les séparent…

Un peu plus loin on peut également admirer la baleinière avec laquelle Shackelton, en 1916 a réussi à s’extirper des glaces de l’Antarctique et à sauver tout l’équipage de son bateau pris par les glaces… Impressionnant !

La ruta 9 qui relie Punta Arenas à Puerto Natales est très agréable, les paysages sont vallonnés, les villages et les estancias traversés semblent très propres, les prairies vertes : certaines maisons nous donnent parfois l’impression de traverser la Provence… mais avec 20°C de moins ! On voit également de nombreux arbres, principalement des Nothofagus ici encore, qui indiquent, sans aucun doute possible, la direction des vents dominants dans la région !

Et hop, 6000 bornes au compteur !

Nous arrivons en fin d’après-midi à Puerto Natales, jolie petite ville installée sur les rives du Seno Ultima Esperanza (Fjord du Dernier Espoir), c’est dire le cauchemar qu’ont dû vivre les explorateurs qui l’ont nommé. Malgré la côte extrêmement découpée dans ce coin ci, nous pouvons affirmer que nous voilà revenus au bord de l’océan Pacifique, le même que nous avons quitté il y a environ 4 mois ! La seule grosse différence se situe surtout au niveau température… et nous n’avons pas encore franchi le cap de nous baigner dans ces eaux limpides mais fraiches !

Notre spot de bivouac, à côté de l’office du tourisme et face à la mer, est super agréable et calme… un parc de jeux pour les enfants est de l’autre côté de la rue, une connexion internet (assez pourrie il faut le dire) est disponible et on a surtout une vue magnifique sur les montagnes environnantes et un spectacle infini avec le ballet incessant des canards marins, des cygnes, des mouettes et  des bateaux pour l’apéro et le petit déjeuner ! Nous avons une petite pensée pour Coralie, qui, il y a une 10aine d’années, découvrait également les splendeurs de la Patagonie chilienne avec Pierre !

On trouve de tout dans cette petite ville assez isolée du Chili qui est la principale porte d’entrée pour le célèbre parc national de Torres del Paine : du matériel électronique, des équipements de camping et de randonnée, des lavanderias spécialisées dans le lavage des doudounes en plumes etc. et surtout énormément de touristes en provenance de toute la planète, dont beaucoup d’Européens : on entend parler toutes les langues et assez souvent français ! Il y a beaucoup de routards et aussi des amis camping-caristes (avec des véhicules divers et variés), mais au final nous ne rencontrons que très peu de familles.

A 25 km au nord de la ville se trouve la Cueva del Miledón, une grotte préhistorique datant d’environ 15 000 ans dans laquelle, à la fin du XIXème siècle furent découverts des restes partiels de Mylodon, un paresseux géant, herbivore très lent mesurant plus de 4 mètres qui doit son extinction, entre autres,  à sa chasse massive par nos ancêtres homo sapiens. La grotte principale, mesurant près de 200 mètres de profondeur, 80 mètres de largeur et 30 mètres de haut, a été beaucoup étudiée et des fragments d’outils préhistoriques y ont été retrouvés. Elle contient également une réplique à taille réelle d’un Mylodon. Dans le petit musée, situé à côté de l’accueil, on peut observer quelques restes du Mylodon découvert : une mâchoire, un morceau de fémur et quelques poils, mais la majeure partie des restes de cet animal préhistorique imposant sont conservés au Royaume Uni…

D’autres grottes préhistoriques peuvent également être visitées et nous avons beaucoup apprécié les balades proposées au sein du parc de ce Monumento Natural, géré par l’ONF chilienne, la CONAF. Nous en avons même profité pour commencer l’entrainement d’escalade avec l’ascension de la silla del diablo (la chaise du diable) en vue de notre prochaine inscription au club d’escalade de Koumac, mais pas de précipitations, on vise au plus tôt la saison 2018-2019 ! 😉

40 kilomètres de piste où l’on peut difficilement dépasser les 40km/h compte tenu de l’état de la route, et 20 kilomètres d’asphalte plus loin, nous entrons enfin, par l’entrée sud, dans le fabuleux parc national de Torres del Paine !

Nous passerons 4 jours et 4 nuits dans ce somptueux parc national  (qui n’était encore qu’une estancia privée spécialisée dans l’élevage des moutons jusqu’en 1959 !) sous un soleil radieux avec un ciel limpide la majeure partie du temps, un vent quasi nul et des températures printanières en journée : bref, dans des conditions idéales pour apprécier ses paysages grandioses composés de montagnes enneigées et de lacs scintillants.

Ce parc est le paradis des randonneurs avec en particulier la fameuse randonnée du W, mais contrairement à ce que Pierre et Coralie avaient fait il y a 10 ans, nous nous contenterons de petites balades, petites jambes obligent…

Notre première balade au Mirador Lago Grey, à l’ouest du parc fut assez exceptionnelle : après avoir traversé le Rio Grey (de couleur grise, comme son nom l’indique) sur un petit pont de singe que Baboucha aurait adoré, et une petite portion de forêt, nous débarquons sur une longue plage de galets qui borde le Lago Grey, dans lequel flottent… des icebergs !  Il y en a même un gros bleuté qui a une forme incroyable : de loin il ressemble à un chien assis ou à une otarie, mais quand on s’approche et qu’on le regarde sous un autre angle, c’est une tête d’hippopotame à la gueule grande ouverte qui apparait, comme Kifédébuldanlo. La balade continue sur un petit promontoire boisé, au bout duquel on a une jolie vue sur le glacier Grey, au fond du lac du même nom. Le retour se fait par le même chemin, et nous sommes tout aussi émerveillés qu’à l’aller d’approcher de si près ces icebergs et même de pouvoir en toucher un petit glacé, échoué sur les galets !

La balade au Mirador de los Cuernos (point de vue des Cornes) nous a également enchantés : les paysages sont à couper le souffle…

Bivouaquer dans le parc est un vrai plaisir, en tout cas en cette saison : les nuits sont d’un calme absolu dans une obscurité la plus totale, ce qui permet d’admirer les magnifiques ciels étoilés depuis les fenêtres du camping-car, et même de voir des étoiles filantes. Le matin, il est agréable de boire un café bien chaud en observant la brume se dissiper sur les sommets et le givre se résorber avec les premiers rayons du soleil !

Pour les questions pratiques, il y a de nombreuses toilettes publiques dans le parc pour vider les réservoirs d’eaux usées et des robinets d’eau accessibles gratuitement pour faire le plein d’eau propre… il suffit juste de les trouver !

Nous quittons le Parc de Torres del Paine enchantés des merveilles que nous avons pu découvrir (et même redécouvrir pour certain…, sans oublier d’immortaliser les fameuses « Torres » qui ont donné le nom au parc national, dans la lumière du matin avant qu’elles ne soient recouvertes par les nuages patagons ! 

Prochaine étape maintenant, retour en Argentine en direction de El Calafate et du célèbre Perito Moreno…