Vignes, géologie & histoire : bienvenue dans la province de Salta !
Après notre petite escale montagnarde, nous rattrapons la Ruta 40 qui progresse maintenant au milieu de la Valle Calchaquíes, toujours en compagnie de nos copains belges. Plus nous nous approchons de Cafayate, et plus les plaines arides laissent place à des vignobles aux jolies couleurs automnales : pas de doute, nous arrivons bien en région viticole !
La ville de Cafayate, plutôt petite (moins de 15 000 habitants) par rapport aux grosses agglomérations de Mendoza ou de San Juan, est très agréable : circuler en camping-car est plutôt aisé, et stationner en centre-ville ne pose aucun problème ! La place principale, ou plaza San Martin, très arborée, offre un terrain de jeux parfait pour les petites jambes en manque d’espace pour jouer à cache-cache ou à chat perché, et les bars et restaurants qui l’entourent offrent de multiples possibilités pour l’apéro 😉
Les glaciers de la place proposent même des douceurs givrées au vin : Malbec pour les rouges ou Torrontes pour les blancs : le choix est vite fait, nous goûterons les 2 😉
Après dégustation, le verdict est sans appel : les 2 sont super bonnes, avec une nette préférence pour le Malbec au goût bien moins subtil que le Torrontes (pour une fois que je préfère le rouge au blanc, tout n’est pas encore perdu !!).
Bien entendu, nous ne nous contenterons pas uniquement des glaces au vin, et nous poursuivrons notre route des vins d’Argentine par la visite d’une jolie bodega située au milieu des vignes et des cactus et dominant, à quelques kilomètres au nord, la petite ville de Cafayate. La visite des installations est assez succincte, mais la dégustation est fort sympathique : après avoir sélectionné les 5 vins que l’on souhaitait déguster, nous avons pris place sur la terrasse jouxtant la bodega Domingo Molina, nous laissant réchauffer par les rayons du soleil automnal de la région ! Accompagnée de petits gressins et de dés de fromage, la dégustation a rapidement pris des airs d’apéro en terrasse…
Nous ne coupons pas au grand classique de la région, le Torrontes, un cépage d’origine espagnole mais désormais uniquement cultivé en Argentine, et qui produit un vin blanc sec très aromatique, qui nous a ravi les papilles… ni au grand classique argentin, le Malbec, très tannique… puis nous gouterons d’autres cépages que nous ne connaissions pas et qui donnent des vins plus légers, proches des Bourgognes : le Tannat et le Petit Verdot… très bons eux aussi !
C’est donc chargés de quelques bouteilles supplémentaires que nous reprenons la route en direction de Salta 😉
Cette fois-ci, nous quittons la Ruta 40 pour emprunter la Ruta 68 qui traverse, au nord de Cafayate, la Quebrada de las Conchas, enchaînement grandiose de falaises et autres dunes de grès aux couleurs très variées, allant de l’ocre au brun profond… Nous ferons quelques arrêts pour admirer de plus près ces sculptures naturelles, en particulier à l’Amphithéâtre (el Anfiteatro) ou à la Gorge du Diable (la Garganta del Diablo). Et nous nous rendons rapidement compte que nous ne sommes pas les seuls à s’y arrêter : quelques vendeurs de souvenirs attendent patiemment les touristes pour leur vendre bijoux, bibelots ou autre CD de musique locale… et les nombreuses petites tables en pierre vides attestent de leur présence nettement plus nombreuse en haute saison !
Les 100 derniers kilomètres qui nous séparent de Salta nous paraissent interminables : ils ne sont qu’enchainement de villages, limitant de fait notre vitesse de croisière… C’est à la nuit tombée que nous arrivons enfin dans l’agglomération salteña : nous rejoignons nos copains belges chez Diego et Patricia, à San Lorenzo, chez qui ils viennent récupérer Seb, un de leurs copains venu faire un petit bout de route avec eux… L’hospitalité argentine étant loin d’être une légende urbaine, nous voici donc à convier à partager un repas en compagnie de personnes que nous ne connaissons ni d’Eve ni d’Adam et qui nous accueillent à bras ouverts. Après la gêne des premiers instants, nous passons une excellente soirée en charmante compagnie dans une ambiance internationale et polyglotte (français, belge et argentin) 😉
C’est un peu fatigués le lendemain que nous disons au revoir à nos amis « des petits pas dans les grands », qui poursuivent leur route vers Cachi alors que nous partons visiter la ville de Salta… Nos itinéraires prévisionnels étant très proches, au moins jusqu’au Costa Rica en fin d’année, il est fort probable que nous nous recroiserons à plus ou moins brève échéance !
Comme il fait gris et que la pluie semble proche, nous décidons d’orienter notre visite de la ville par une visite culturelle et notre choix se porte sur 2 musées qui semblent intéressants :
- Le Musée d’Art Ethnique Américain, ou Pajcha, qui est en réalité une fondation privée, où il est d’ailleurs nécessaire de sonner à la porte afin de pouvoir entrer. C’est un certain « Monsieur Diego », directeur adjoint de la fondation, très affable et un peu collant qui nous ouvre et nous escorte pour la visite. Le musée expose de nombreuses trouvailles archéologiques du Pérou et du nord-ouest argentin ainsi que de nombreux objets artisanaux contemporains de toute l’Amérique Latine : du Mexique au Panama, en passant par le Guatemala ou la Bolivie amazonienne… Le clou du spectacle, selon Monsieur Diego, qui baragouine un mélange complexe de français, d’anglais, d’espagnol et d’italien, se situe dans la partie art religieux du musée où l’on trouve des particularités remarquables de la représentation du christianisme dans certaines régions des Andes : comme un crucifix avec un christ couronné de plumes, ou encore un calvaire montrant un christ au visage indigène, mais le plus spectaculaire, toujours selon Monsieur Diego, est sans conteste, les archanges représentés avec des arquebuses !! Totalement inédit dans le monde chrétien !
- Puis le Musée d’Archéologie de Haute Montagne, plus connu sous l’acronyme de MAAM (Museo de Arqueología de Alta Montaña). Inauguré en 2004, ce musée fut conçu afin d’exposer au public l’important patrimoine archéologique découvert en 1999 au sommet du volcan Llullaillaco, culminant à 6739 mètres d’altitude, dans l’ouest de la province de Salta en Argentine. 50 années d’études et d’expéditions sur le volcan furent nécessaires à la découverte de 3 enfants incas accompagnés de leurs objets rituels funéraires, trouvés sur la plateforme cérémoniale construite dans le cadre d’un rituel connu sous le nom de Capacocha. Un petit garçon et deux petites filles, dans un état de conservation incroyable furent exhumés du sommet du volcan ainsi que de nombreuses figurines anthropomorphes faites d’or et d’argent soigneusement habillées de textiles recherchés et coiffées de plumes, des statuettes de camélidés réalisées en spondyle (type de coquillage venant d’Equateur), de poteries fines diverses etc. Le froid régnant au sommet du volcan ainsi que la faible quantité d’oxygène présente à ces altitudes ont permis à ces objets et à ces enfants de traverser les siècles sans s’abîmer. La température et l’hygrométrie des vitrines dans lesquelles sont exposées ces objets sont donc extrêmement contrôlées afin de maintenir leur état de conservation, et malgré de nombreuses controverses, les enfants du Llullaillaco sont présentés à tour de rôle dans le musée. Lors de notre visite, nous avons pu découvrir la Petite Fille Foudroyée, fillette de 6 ans retrouvée en position assise, la tête levée regardant en direction du sud-ouest, qui nous est apparue toute petite et bien frêle sous la quantité importante de tissus l’enveloppant.
Quand nous sortons de nos visites culturelles, fort intéressantes, le ciel de Salta est toujours bien gris et bien bas… Nous sommes fort surpris de voir tant de brouillard dans une zone que nous pensions en plein désert. En réalité, la ville de Salta est à la limite des Yungas, cet ensemble de régions d’Amérique du Sud situées sur le flanc oriental de la cordillère des Andes de l’Équateur à l’Argentine, entre 500 et 3 000 mètres d’altitude, bien arrosées et couvertes, à l’origine par une forêt humide très dense et à la bio-diversité surprenante. Et en effet, lorsque nous ferons une petite halte à Chicoana pour attendre patiemment le retour du beau temps avant de poursuivre notre chemin, nous apercevrons de nombreux oiseaux colorés tels que des colibris ou encore d’autres espèces dont les noms nous sont inconnus ! La végétation y est également bien plus dense que dans les plaines arides que nous avons pu traverser précédemment, et les montagnes bien vertes nous font par moments penser à notre chère Calédonie.
C’est aux portes de Salta que nous atteignons les 13000 kilomètres de notre compteur !
Mais bien vite le désert reprend ses droits, et la végétation se fait de plus en plus rare et de plus en plus épineuse pour laisser rapidement la place aux cactus candélabres et aux buissons d’épineux.
Avant de quitter la région et de continuer notre route toujours plus au nord, nous souhaitons visiter une dernière bodega en Argentine : certainement la plus vieille du pays encore en activité (depuis 1831), celle dont le vignoble est le plus haut du monde (quelques hectares de vigne sont cultivés à une altitude de 3111 mètres au-dessus du niveau de la mer), et celle qui possède les ceps de vigne les plus vieux d’Argentine et peut-être même du monde (datant de 1854). Je veux, évidemment parler, de la bodega Colomé, située à une 20aine de km de piste à l’ouest du petit village de Molinos, au kilomètre 4460 (ou pas loin…) de la Ruta 40 ! Y parvenir n’est pas une mince affaire et 2 itinéraires s’offrent à nous :
Le 1er part de Cafayate, 130 kilomètres de ripio plus au sud, sur la Ruta 40, pour atteindre Molinos !
Le 2nd part de Salta, passe par El Carril (Ruta 68) puis par Cachi (Ruta 33), soit 160 km de route goudronnée, puis un peu moins de 70 km de ripio pour atteindre la bodega.
Notre choix est très rapidement fait et sans appel, même si les 130 bornes de ripio de la Ruta 40 sont, parait-il, magnifiques, nous choisissons l’option de « moindre ripio » !
La Ruta 33 que nous empruntons jusqu’au Parque Nacional Los Cardones (parc national des cactus candélabres) est splendide et passe tour à tour par les Yungas, les plaines arides de la Puna ou encore les « champs » de cactus du parc national. Nous ferons une petite pause, fort sympathique dans la petite bourgade de Cachi, à quelques 2300 mètres d’altitude, où nous visiterons la jolie petite église San José, dont le plafond et certaines pièces de mobilier (comme le confessionnal ou le bénitier) sont réalisées en bois de cactus « cardón ».
Les 70 derniers kilomètres pour atteindre la bodega Colomé sont magnifiques mais terriblement longs… Il faut la mériter cette visite de la plus ancienne cave d’Argentine ! Rachetée par un Suisse en 2001, Donald Hess, la nouvelle bodega très moderne n’a plus rien à voir avec la bodega originelle en adobe (pisé). Un hôtel luxueux avec restaurant gastronomique a été construit sur la propriété au milieu des vignes, et même un musée de plus de 1000 m² dédié à l’unique artiste James Turrel a été érigé entre 2007 et 2009. Le nouveau propriétaire joue fort probablement la carte du luxe avec le caractère unique du lieu et les vignes les plus hautes du monde… Les prix des vins sont extrêmement élevés, et il existe même une carte rien que pour les dégustations (les prix variant de 110 pesos – 6 euros – et allant jusqu’à 320 pesos – 20 euros – pour la dégustation de 2 vins !) En tous les cas, les 2 Malbecs que nous avons pu déguster étaient excellents !
Sur la route qui nous ramène à Salta, nous visiterons une ferme spécialisée dans l’élevage de vigognes, cet autre camélidé normalement sauvage, cousin des lamas, des alpagas et des guanacos, à la grande joie des filles qui mirent énormément d’énergie pour les nourrir !
Edmond
Des vignes à 3 000 m d’altitude font du vin presque aussi cher que le bourgogne à la dégustation, j’ai cru comprendre qu’au moins il était bon.
Bonne continuation.
Bises à vous quatre d’Alsace.
Hélène et Jean-Paul
Des ceps de vigne géants !! Pour les vendanges ce sont les grands qui sont avantagés eh eh !!!
😘😘😗😗
👵👴
gaelle
et ca boit et ca boit…. 🙂 a la votre les amis!!!!